« Bonne journée sableuse », souhaite les organisateurs aux participants.

Tel un tableau impressionniste, les croissants dorés fascinent les Gameurs autant qu’ils les impressionnent. Sublime, redoutable, surprenant, intraitable… les mots pour définir ce paysage poétique sont aussi nombreux que ses subtilités à le franchir. Et pourtant, l’envie de se fondre dans les reliefs nacrés, démange les aventuriers depuis les premiers kilomètres poussiéreux.

Du stress et de l’excitation

Sur la ligne de départ, certains redoutent les reliefs, d’autres sont prêts, que le sable soit d’humeur ou pas. Ce sont les montagnes russes émotionnelles pour Caroline, team 136 (Caroline Venaud / Thierry Venaud), pour qui les dunes sont un terrain de jeu assez hostile. « Je crains vraiment les dévers mais j’ai une confiance aveugle en mon pilote, donc je suis partagée », souffle-t-elle. L’équipage, qui a d’ailleurs prouvé sa solidarité hier en sortant les participants 127 (Christel Voto / Stéphane Boutaud - EDENWORK) tankés dans un oued, et étant fier de son étape, est aujourd’hui dans le doute. « La navigation, on ne sait pas ce que ça va donner », ajoute le père. De son côté, l’équipage 125 (Michel Borgeaud / Yana Vasylega - ImmOcité Sàrl (Suisse)), se sent léger pour affronter les crêtes sableuses pour la première fois. « Nous allons aller de l’avant. Nous n’avons pas de stress car nous sommes des amateurs. Nous pensons prendre le parcours Y, pour un premier bain. », explique Yana, amoureuse des automobiles qui découvre les paysages marocains, avec son beau-père, avant de poursuivre : « Il est fan de golf. Nous avons apporté des clubs pour des selfies ». Sur la route, l’équipage 122 (Delphine Chaillet / Alexandre Jaboulet-Vercherre - CEDI ASSURANCES) est heureux de s’en sortir assez bien. « On a pris 119 points de pénalités hier, alors l’objectif d’aujourd’hui est de faire mieux », explique Alexandre, moniteur de pilotage, habitué aux Porshes sur circuit, avant de poursuivre : « Pour le pilotage et les conseils, on donne notre avis. Quand l’un prend le volant, il garde un œil sur la navigation et inversement puisque aujourd’hui, ma femme a pris le rôle de navigatrice ». Lui, qui a fait le Dakar cette année en tant que pilote média et a donné envie à sa coéquipière de faire un rallye, peut alors prendre du plaisir à surfer !

Au pied des dunes, se dévoile la balise 1. Atelier dégonflage de pneus pour tous les participants, obligatoire pour franchir les montagnes de sable. David de l’équipage 107 (Jennifer KALKA / David D\'ORSI - VULPES ZERDA), regarde sa montre. Peut-être pressé d’y aller ? « Il faut dégonfler les pneus. Le sable ce n’est pas mon terrain de jeu, un pneu se dégonfle d’1 bar au bout de 10 secondes à peut-près», explique ce jeeper, avec un visage stressé, qui n’a pas l’habitude de ce terrain. Aujourd’hui, le pilotage prend le pas sur la navigation, les prises de cap étant libres.

Au CP3, la team 117 (Julien Boutinaud / Sébastien Valière - LES MAISONS CHANTAL B) avoue que les très beaux reliefs ne font pas de cadeaux. Les dunes sont malicieuses et capricieuses. Il faut savoir les prendre et de face. « Aujourd’hui, on en bave ! Le véhicule manque un peu de puissance. Aussi, nous ne faisons pas de changement de rôle comme habituellement. », explique Sébastien qui laisse Julien au volant.

Affronter les crêtes à plusieurs, c’est mieux.

La plupart des équipages a choisit cette option. Le but du jeu est que les plus confiants ouvrent la voie aux autres, d’échanger les conseils précieux des plus habitués, de s’entraider en cas de tankage, et de partager l’expérience.

L’équipage 107 (Jennifer KALKA / David D\'ORSI - VULPES ZERDA) et 126 (Laurence GERMAIN / Claude LANDRE - Dupessey&Co) ont décidé de naviguer ensemble. « Nous avons le même professeur de 4X4. Pendant que de notre côté, nous roulions dans les dunes en amoureux à Merzouga, avant de commencer le raid, eux faisaient un stage de pilotage et nous nous sommes connus à l’hôtel. Le lendemain, pendant que nous étions bloqués dans des herbes à chameaux, ils nous ont détanké », explique la navigatrice Jennifer. Une amitié qui est née, et depuis, ils laissent des traces ensemble dans le sable. Ils se sont d’ailleurs rendu service, trois tankages d’affilé. « Pour nous, c’est dur. On tente de faire des triangulations, mais nous avons par exemple trouvé 3 repères dans le même axe. Côté pilotage, il faut mettre de la puissance pour prendre les dunes, mais c’est assez impressionnant », explique Laurence de la team 126. Quant au 107, un « couple en Jeep » qui se frotte aux dunes avec leur propre véhicule qu’ils utilisent dans leur vie quotidienne, ont un petit secret. « Au choix, on préfère monter sur des reliefs plus hauts, qui permettent une meilleure vision que les petites dunettes. Aussi, on continue de rouler au cap comme d’habitude ». Une stratégie qui semble fonctionner puisqu’ils raflent la 2e place du classement général.

De leur côté les équipages 122, 102 et 124, se détendent un peu au CP4. « On essaie de contourner les difficultés tous les trois. À la base, on a choisi le parcours X, car même s’il est difficile, c’est plus agréable. Et pas de raison de se pénaliser en optant pour le plus facile. Mais l’un des deux équipages est novice avec un véhicule mois adapté pour ce terrain, donc on essaye de rester ensemble. On s’est tankés à plusieurs reprises, à tour de rôle, on a sorti les sangles et même un cric ! », explique Alexandre. La team 102 (Anthony Garrier Giraudeau / Audrey Aguilar - STARDUST GROUP), habituée au 4X4 sur la neige ou en montagne, trouve le parcours de plus en plus difficile. « À partir du CP4, les reliefs sont malicieux », lance Audrey.

Tankages et sauts périlleux

Des tankages à la pelle, c’est ce que réserve souvent cette épreuve. De leur côté, l’équipage 103 (Dounia Coesens / Ambroise Michel), a pelleté assez rapidement « On a pilé au mauvais endroit derrière une voiture. C’est de notre faute, nous étions trop proches de l’équipage. Cela fait deux fois que nous restons bloqués donc nous allons certainement choisir le parcours le plus simple », explique Ambroise.

Plus loin, l’entraide va de bon train. Dans le décor, on entend, « Vous voulez mettre les plaques à l’avant ou à l’arrière ? » crie des équipages au duo 110 (Karima Laaroussi Mouhyi / Hamza Mouhyi - Maison Nicole). L’équipage 128 (Guy Leneveu / Christian Poirault - APE ETIQUETTES), quant à lui, aide le 108 (Thierry Fresard / Pascal Pozzo Di Borgo - ALATA vermouth) « On a opté pour une vitesse courte, on n’a finalement pas passé la crête ». Quelques reliefs plus tard, l’équipage 134 (Valérie Izambard / Arnaud Izambard - Intermarché Maisons-Alfort 1) vient de s’arrêter « On est secoués ! », explique malgré tout avec le sourire, Arnaud le pilote. À côté, sa femme glisse un mot. « Le conseil que je lui donne ? D’accélérer ! ». Accélérer oui, mais avec prudence. Le duo 105 (Azucena Crolla / Bertrand Crolla - Masson & Cie SA) a évité le pire de justesse, en se détachant de la crête avec un jump impressionnant qui a donné quelques frayeurs aux équipages voisins.

L’équipage 131 (Hervé Vallet / Julien Lemaire - AMERICANCARCITY) est le premier à franchir le bivouac. « Les derniers hier sont les premiers aujourd’hui ! Nous nous sommes challengés toute la journée. Mon acolyte est spécialiste des dunes, explique Julien, on a surfé ! ». De leur côté la team 20 (Emilie Goubard / Florent Jego - MICHELIN) est ravie de cette étape. « On a roulé de concert avec les 21 et les 132 qui étaient d’ailleurs impressionnants. C’est bien de prendre les astuces des autres et on ne s’est pas immiscés dans le choix des navigatrices. C’était top, même si on a vécu notre tout premier tankage du raid ».

Au final, tous les équipages ont décidé de prendre de face les dunes du parcours X, le plus engagé qui a donné plus de fil à retordre.

Au classement provisoire, le 128 remporte pour la troisième fois, la première place avec 19,19 points de pénalités. Le 119 gagne une place par rapport à l’étape précédente avec 21,19 points de pénalités et le 132 arrive troisième avec 22,42 points de pénalités. Coté SSV, pas de changement : le 22 est premier avec 14,09 points de pénalités, le 21 deuxième avec 17,14 points de pénalités et le 20, troisième avec 20,59 points de pénalités.