Une étape magnifique à double tranchant

BIVOUAC OUM EL FIRANE
ÉTAPE 2

Selon Daniel de l’équipage 111 (Isabelle Strauch / Daniel Strauch - Théobald Trucks), qui vit l’aventure pour la première fois, le moment jubilatoire de la journée est celui où il enlève son casque avec la satisfaction du dépassement de soi, mais aussi celui où l’idée est de faire mieux que la veille. La team, heureuse d’avoir vécu une belle étape en traversant des endroits difficiles malgré la fatigue, n’a qu’une hâte, faire vrombir à nouveau son 4X4. Aussi, l’équipage masculin 114 (Mikaël Cadio / Damien Arnaud - VICTOIRE) est rassuré de ne pas être éliminé de la course, et de pouvoir faire ses preuves aujourd’hui sur un terrain encore plus joueur. Ces amis de longue date ont frôlé le hors-classement puisque l’assistance a dû rapatrier leur véhicule, en position couchée après un glissement sur un dévers.

Renforcer les liens entre potes et en couple

Pour affronter cette deuxième étape, les gameurs doivent jouer la précision tant au niveau de la navigation que du pilotage. Une bonne façon de révéler parfois le caractère de chacun et de tester la force des relations. Beaucoup d’équipages ont décidé de partager des émotions fortes en plein désert. Cependant, rester dans un habitacle toute une journée, avec des défis sportifs à relever, peut aussi s’apparenter à un challenge, surtout pour ceux qui visent le podium. Le couple 102 (Anthony Garrier Giraudeau / Audrey Aguilar - STARDUST GROUP) cherche à mieux se connaître dans un environnement compétitif. « Nous avons l’habitude de piloter un 4X4 mais plus en esprit randonnée, nous voulons nous confronter à un autre terrain, ensemble, en s’échangeant les rôles. C’est un challenge », explique le duo qui habituellement s’accorde bien. De leur côté, l’équipage 22 (Alexandra Chapuis / Frédéric Christien) vainqueur de l’étape 1 en SSV a décidé de revivre un GAM en étant plus détendu. « L’an passé, j’ai eu beaucoup de pression car c’était une première pour mon mari contrairement à moi, et je n’étais pas certaine que ça lui plaise. Notre communication était difficile. Nous sommes revenus pour rectifier ça et s’amuser. Et d’ailleurs nous ne pensions pas arriver déjà premiers hier avec notre problème de boussole », explique Alexandra, ancienne Gazelle en 4X4. Depuis, après avoir testé le SSV, elle ne peut plus s’en passer.

Au CP1, l’équipage 117 (Julien Boutinaud / Sébastien Valière - LES MAISONS CHANTAL B), qui se place à la 14e position, calcule dans le calme les points ensemble. Amis depuis 10 ans, mais résidant loin de l’autre, le rallye est l’occasion pour eux de se redécouvrir et de vivre un challenge entre hommes. « Nous n’avons jamais passé une dizaine de jours ensemble. Nous allons vivre des galères en duo avec une multitude d’anecdotes qui vont renforcer notre amitié. Déjà, monter un projet comme ça, à deux, est une belle étape », confie Sébastien avant de poursuivre. « C’est Julien qui m’a entraîné dans cette aventure que je résume en 1 mot : whaooo ! Et si toutefois, ça clash entre nous, cela ne dure pas plus de 5 minutes, car on est complémentaires. Pour calmer l’autre, on sort la phrase magique ‘embrasse mon œuf’ ». L’œuf étant leur mascotte en référence aux Rasta Rocket.

Quelques 4X4, plus loin, le duo 130 (Martin Bazin / Antoine Galano - Fondation ARSEP) se concentre à l’arrière de leur bolide. Ces deux trentenaires ont un lien particulier. « C’est le parrain de ma fille et un ami de ma femme », explique Martin qui est heureux de partager cette aventure avec lui.  « L’ayant déjà fait, il ne comprenait pas comment je faisais pour prendre du plaisir sans vitesse, maintenant il sait, surtout qu’il a un don pour le pilotage ». Ces deux co-équipers, sportifs dans l’âme sont sur la même longueur d’onde. Martin navigue pour différentes causes, et Antoine est fan d’endurance en moto. « Ce qui peut nous porter préjudice, c’est le goût du risque. On se dit toujours que ça va passer, on se challenge tous les deux, mais il ne faut pas oublier notre compagnon de route ». Certains ont décidé de remettre le couvert pour revivre l’expérience. L’équipage 132 (Fabien Baule / Islam Calakovic - FABELEC TECHNOLOGIE), amis et collègues, se remémore d’ailleurs un bon souvenir du GAM 2018. « Nous avons passé la Marathon seuls, puisqu’on s’est perdus. Nous avons dégusté une fondue en duo. Le rallye nous a rapproché encore plus, et c’est top de partager des obstacles, une vie au bivouac et des paysages magnifiques entre potes », explique Fabien qui espérait une version mixte du Rallye Aïcha des Gazelles. C’est chose faite. Chacun endosse son rôle.

Trianguler pour garder le cap

Si la balise CP1 n’a pas donné de difficultés après le passage de l’Oued Ziz, qui craquelle sous les roues, les choses se corsent par la suite. Avec des passages de mines à traverser, et des reliefs lunaires qui laissent sans voix ou sans voie, les participants se frottent à des franchissements capricieux. Ça tombe à pic, les gameurs ont signé pour prouver leur audace sur ce terrain de jeu mouvant. Sur la route, l’équipage 119 (Julien Lorber / Nicolas Hourdin) hésite pour un cap, carte en main. « Hier, nous étions exactement là où nous voulions être et nous étions confiants, là il y a plus de stratégie de cap à penser », explique Julien. Par rapport à l’étape précédente, chacun affine sa stratégie. « Aujourd’hui, on tente de taper au plus court. Hier on s’est amusés à trianguler et en général, on se trouvait là où nous pensions être, sauf que nous avons raté une balise ce qui nous vaut notre dernière place au classement SSV, en ne regardant pas assez le terrain. Aujourd’hui, à chaque balise on reprend le point suivant car on passe d’une carte à l’autre et on balaye notre regard à 360°. On préfère être prudents. D’ailleurs, on a même pris la piste, au début, pour éviter un relief qui ne nous plaisait pas », explique Florent, 20 (Emilie Goubard / Florent Jego - MICHELIN) qui représente avec sa collègue le Groupe Michelin. Se repositionner pour reprendre un cap ou prendre des repères pour garder le cap, à chacun son choix. Au CP4 du parcours A, à proximité du village de Taouz et des dunettes dorées coiffées d’une crête dentelée noire charbon, l’équipage 104 (John Chavaz / Jean-Marie Degeneve - TOYOTA DEGENEVE) est rassuré d’atteindre la balise. « On est allés trop loin mais on est arrivés à retrouner sur nos pas ! Maintenant, on gère la triangulation. C’est le bonheur dans notre malheur », sourit Jean-Marie. De son côté, l’équipage 103 (Dounia Coesens / Ambroise Michel), est au taquet pour remonter dans le classement. « On trace tout droit, comme hier et ça nous réussit. Ce qui nous a fait perdre des points, c’est d’aider un équipage qui n’a pas vu que nous nous sommes tankés juste après, et il n’y avait plus personne », explique l’équipage qui roule vers un décor de Western.

Des reliefs difficiles, à couper le souffle

Plus loin, au CP4, des sommet aux formes de tajines couleur peroxyde de fer se détachent sur un ciel bleu azur. La vallée offrant des ravinements, des cailloux et des acacias, puis plus loin des herbes à chameaux avec à l’horizon, les dunes de Merzouga, il y en a pour tous les goûts. L’équipage 110 (Karima Laaroussi Mouhyi / Hamza Mouhyi - Maison Nicole) arrive presque au bout de ses peines. « C’est très dur avec tous ces endroits très cassants. Ça ne roulait pas entre le CP3 et le CP4 ! Mais nous sommes fiers d’avoir navigué uniquement grâce aux reliefs entre le 2 et le 3, sans sortir la boussole », explique Hamza. Plus loin, la team 23 (Angèle Ceccaldi / Jean-Valere Massoni - Camping sole e vista) s’hydrate à grandes gorgées. Les reliefs lui ont donné quelques sueurs. « On était en 2e position au CP1, mais nous avons mis beaucoup de temps à tracer le cap. Pour rejoindre le CP2, on a cherché une passe puis une deuxième passe, et on s’est rajoutés une dizaine de km pour se retrouver sur le bon cap », explique Jean-Valère qui a changé de rôle au CP3, passant à la navigation. De son côté l’équipage 127 (Christel Voto / Stéphane Boutaud - EDENWORK) a trouvé l’étape plus compliqué. « Il y a un passage que j’ai trouvé très beau, exactement sur notre cap mais qui nous réservait un franchissement que je n’ai pas osé redescendre, entre le CP5 et CP6. C’est bien parfois de prendre le cap mais parfois c’est plus intelligent de choisir un autre chemin » conclut Stéphane.

Demain, c’est l’étape des dunes tant attendue ou redoutée par les gameurs. S’ils sont vraiment joueurs, ils surferont sur la poudre nacrée comme dans un manège. En attendant, le classement définitif de l’étape 2 sera donné en fin de matinée.

ÉDITION 2020

31 OCT – 7 NOV

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